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1500 Partulas réintroduits à Papehue


Les escargots sont marqués de la couleur bleue cette année.
Les escargots sont marqués de la couleur bleue cette année.
PAPEETE, le 6 octobre 2017 - Les gastéropodes sont arrivés ce vendredi en Polynésie. Ils viennent d'un zoo des Pays-Bas, où ils ont été élevés grâce au Partulid Global Species Management Programme (PGSMP). Ils devraient être relâchés cette semaine à Paea.

Ils sont à peine plus gros que l'ongle du petit doigt mais leur importance est sans égale. Les Partulas, de petits escargots endémiques de Polynésie tiennent une place majeure dans la biodiversité du fenua.

Depuis plusieurs années, leur nom s'affiche au tableau des espèces en voie d'extinction sur le territoire (lire ci-dessous). "La population a véritablement chuté. Sur une soixantaine recensée, il ne reste plus qu'un dizaine d'espèces aujourd'hui dans les vallées les plus reculées", explique Claude Serra, chargé d'affaires à la direction de l'environnement.

Ces tout petits escargots sont néanmoins très connus des scientifiques. Et ils les intéressent beaucoup pour deux raisons. "La première est la variabilité génétique très importante sur un même site. La deuxième est que ce sont pratiquement les seuls escargots qui pondent de petits escargots", continue le chargé d'affaires.

C'est grâce à l'affection du monde scientifique que les Partulas existent encore. Depuis les années 1980, plusieurs zoos, américains, anglais et hollandais, ont collecté des Partulas et les ont gardés en élevage dans leurs installations. En 2003, un partenariat entre le Pays et la Zoological Society of London (ZSL) a été mis en place afin de recenser les espèces survivantes et de localiser les sites où elles se trouvent. Depuis 2016, une opération de restauration des populations a débuté. Après une première étape l'année dernière à Moorea, elle se poursuit cette année dans la vallée de la Papehue, à Paea.

17 espèces de Partulas

Les Partulas qui vont être relâchés sont de l'espèce nodosa.
Les Partulas qui vont être relâchés sont de l'espèce nodosa.
Ce vendredi, un peu plus de 1500 Partulas sont arrivés par avion. Mis à l'abri dans de petites serviettes, soigneusement rangées dans des rouleaux en cartons, eux-mêmes placés dans une boîte, ils vont ensuite être transférés dans des vivariums de la direction de l'environnement. "Là, nous allons humidifier un peu l'aquarium et leur mettre de la nourriture. Mardi et mercredi, nous procéderons au relâchement dans la vallée de Papehue", décrit Trevor Coote, biologiste en charge du programme de réintroduction. Cette fois-ci, une seule espèce est relâchée. Dans sa totalité, le programme prévoit de réintroduire 17 espèces de Partulas dans leur habitat naturel.

Trevor Coote et Claude Serra sont confiants. "Nous sommes encouragés par les résultats car, à Moorea, nous avons retrouvés certaines espèces introduites, se félicite le biologiste anglais. C'est une bonne nouvelle. Bien évidemment, il y a un petit taux de mortalité, mais tous ne disparaissent pas."

Les menaces existent toujours. Les scientifiques veillent au grain. Avant chaque réintroduction, les vallées sont passées au crible pour définir si prédateurs il y a ou non. "La population d'escargots carnivores a elle aussi fortement diminué", précise Claude Serra.

Le suivi des escargots réintroduits est effectué chaque année. Les petites bêtes sont marquées par une couleur, différente selon l'année de relâche. La prochaine opération de ce genre aura lieu en 2018.

L'instant de vérité sera connu d'ici 5 à 10 ans. C'est à ce moment là que les scientifiques pourront dire si la réintroduction des Partulas est un franc succès ou non.

1967, année du drame

Jusqu'à la fin des années 60, tout allait bien pour les partulidés en Polynésie, région du Pacifique où il y en a le plus. En 1967, un entrepreneur a importé l'escargot géant africain Achatina fulica à Tahiti afin de créer un élevage et de les commercialiser. Mais l'escargot s'est répandu hors des frontières de l'entreprise. Très vite, ils se sont attaqués aux cultures.

Pour éliminer l'escargot géant africain, un programme de lutte biologique a été mis en place. Un autre escargot, carnivore, nommé Euglandina rosea, a été introduit depuis les États-Unis en 1974. L'Euglandina devait s'attaquer au géant africain mais il en a décidé autrement. Plus petit que le géant africain mais plus gros que les Partulas, il a mangé les espèces endémiques. Au fil des années, les Partulas ont quasiment disparu.


Rédigé par Amelie David le Vendredi 6 Octobre 2017 à 16:11 | Lu 3320 fois