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10 ans de réclusion pour le coup de couteau mortel (compte rendu)


Famille et proches de la victime se sont déplacés à l'audience vêtus d'un tricot imprimé à la mémoire de Séverin.
Famille et proches de la victime se sont déplacés à l'audience vêtus d'un tricot imprimé à la mémoire de Séverin.
PAPEETE, le 30 novembre 2016 - Les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général, ce mercredi, au terme du procès d'Andrick Puhia, accusé d'avoir tué à coups de couteau de boucher un jeune de 28 ans lors d'une rixe qui a mal tourné en juillet 2014 à Tautira.

Placé sous bracelet électronique depuis juin 2015 après avoir effectué près d'un an de détention provisoire, Andrick Puhia, 42 ans, est retourné à Nuutania ce mercredi en début d'après-midi. Les jurés l'ont en effet reconnu coupable d'avoir donné la mort à coups de couteau au jeune Séverin, 28 ans, lors d'une bagarre qui avait tourné au drame dans la nuit du 5 au 6 juillet 2014 à Tautira, en marge d'un tournoi de pétanque bien trop arrosé. Il a écopé en répression de 10 ans de réclusion criminelle, les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général qui leur avait demandé de ne pas descendre en dessous de ce seuil.

"Je ne veux pas que vous le jugiez comme une victime", a averti d'emblée le représentant du ministère public, visiblement hermétique à la ligne de défense de l'accusé. Mal servi par les témoignages confus et la mémoire défaillante des protagonistes de cette rixe où tout le monde avait bu plus que de raison, Andrick Puhia s'est en effet toujours défendu d'avoir agressé sa victime le premier et surtout de l'avoir volontairement tuée.

Surnommé "Al-Qaida"

Pour lui, c'est au contraire Séverin qui l'aurait provoqué le premier, aidé en cela par deux de ses amis de beuverie qui l'auraient ensuite roué de coups au sol. Andrick aurait alors malencontreusement tué le jeune homme avec le couteau de 30 cm qu'il était allé chercher peu de temps avant chez son beau-père voisin, pour se défendre dit-il, en donnant des coups au hasard dans la confusion de la bagarre. Le procès n'a pas permis de tirer au clair les motifs de l'altercation.

Un scenario qui ne tient pas pour l'accusation et résiste mal aux conclusions du médecin-légiste : "Il a tout fait pour faire croire que c'est lui qui a été attaqué, mais ce n'est pas lui la victime. Je suis convaincu qu'Andrick ne pouvait être que debout devant son agresseur, le couteau dans la main droite" assène l'avocat général joignant le geste à la parole, mimant le coup fatal. Rappelant que la lame avait sectionné l'os d'une côte en performant l'abdomen du malheureux, "il a fallu une force et une intensité importante pour infliger une telle blessure" a-t-il martelé, "et il n'est pas possible d'avoir cette force quand on est au sol (…) ce n'est pas un coup de défense". Cinq autres plaies à l'arme blanche ont été retrouvées sur la victime. Le magistrat qui a enfin rappelé la formation militaire de l'accusé au RIMaP-P, les nombreux témoignages relatant sa violence quand il a bu et son attirance pour les couteaux qui lui valait d'être surnommé "Al-Qaida" dans le quartier.

Andrick Puhia a également été condamné à indemniser pour un total de 10,5 millions de francs la mère, la sœur, le grand-père et les trois tantes de sa victime, au titre de leur préjudice moral et des souffrances endurées par le malheureux. L'accusé à dix jours pour faire appel.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 30 Novembre 2016 à 18:10 | Lu 2126 fois